Lettre d'outre-mère

Publié le par battuta

Reçu aujourd'hui une lettre d'outre-mère, sorte de balise Argos qui tout d'un coup a éclaté dans le ciel bleu de ma journée presque tranquille. 


Voilà quelques jours que je n'avais plus de tes nouvelles. Je  te savais seulement occupée, entre autres, à plonger avec les requins en compagnie de beaux fidjiens.


La lettre d'outre-mère m'est arrivée au moment où j'essayais de t'imaginer nageant, accrochée à un aileron fendant l'eau:


"Tu aimerais de ses nouvelles? Je ne peux pas vraiment te dire où elle se trouve - tout ce que je sais, c'est qu'elle est sur une toute petite île, quelque part perdue au milieu du Pacifique...et que les moyens de communication y sont quasi-inexistants."


Pauvres mères, continents d'amour et de peur, îlots flottant sur des océans toujours profonds, toujours dangereux, pensai-je.


Pauvres mères, pensai-je, comme il doit être dur pour vous d'attendre, d'imaginer les voyages en coquilles de noix, les nages parmi les squales, les marches dans la nature sauvage, les rencontres avec les indigènes. 


Pauvre outre-mère, hier je ne ressentais qu'un vague frémissement que je tassais au fond de mon coeur. Sa lettre, pendant un court instant, m'a fait trembler pour de bon.


Et puis je continue dans mon insouciant destin d'homme, pas inquiet pour un sou, juste jaloux. Des requins, et des beaux fidjiens, qui nagent avec toi.



Illustrations: K, "A small island called Gizo", quelque part en mer

Publié dans Australie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
En espérant que la jalousie n'empêche pas le flût de l'écriture et de la créativité... BiZoums.
Répondre
B
<br /> Certes non, au contraire. Mais un certain surplus de travail par contre...merci de ta fidélité. Merci à mes autres lecteurs et désolé pour ce long silence.<br /> <br /> <br /> <br />