Gaza, horizon

Il faut dire que c’était le soir, et non plus midi.

 

Les rues n’étaient plus si désertes que ça et, en bout de piste, la mer s’élevait comme un mur bleu, par endroits transparent. Le soleil passait déjà derrière, et sans que nous puissions encore le regarder en face, nous dévisageait franchement, lui.  

 

Un cortège matrimonial, poussé par les amis, tiré par les parents, nous barra la route un instant. Des gens dansaient, chantaient, battaient des mains, des klaxons retentissaient. Assise à l’arrière d’une mercedes blanche, une mariée esquissait un sourire sous un voile blanc.

 

Notre chauffeur s’enfila dans le cortège et de sa main gauche fit lui aussi trompette. Il semblait un autre homme.

 

- Je suis allé voir son père hier. La veille il m’avait appelé pour me dire, ahlan wa sahlan, tu es le bienvenu chez nous. Nous avons réglé les derniers différends. Et puis, je l’ai vue, elle. Nous ne nous sommes échangé que quelques mots, mais elle et moi savons que nous sommes faits l’un pour l’autre. Nous avons apposé nos noms sur le registre du cheikh.

 

Le cortège dépassé nous procédions vers la mer, suivant le cours d’une avenue aérée, sans questions ni écluses.


Nous procédions vers la lumière aveuglante, par vent arrière.  Vers l'horizon de Gaza, qui me sembla, pour un instant, par nuit tombante, riche en poisson, en possibilités.

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