La griffe


Une photo est apparue dans la presse aujourd’hui.

 

On y voit un homme signer un acte solennel, entouré d’une ribambelle d’austères croque-morts chez qui on trouverait presque des ressemblances avec les Buddhas excavés des parois d’un canyon américain par un sculpteur des temps anciens.

 

On y voit un téléphone avec une touche rouge grâce auquel sans doute il s’empressera de communiquer la nouvelle aux autres grands de ce monde en leur disant que ce qui fut paraphé de rouge-sang petit à petit je l'effacerai, du moins je l’espère, si Dieu me prête vie et si, et si...

 

On y distingue le bureau ovale aux courbes si parfaites, dignes d’une Eglise de Borromini, au hasard celle de Saint-Yves-de-la-Sagesse, et il semble bien en avoir, de la sagesse, et des couilles même, ce gars-là, et les utiliser différemment que ses prédécesseurs, à cet endroit même.  

 

Tout le monde pense à ceux dont il abrège la souffrance en cet instant en leur donnant, pour la première fois depuis longtemps, un horizon temporel au-delà duquel ils remarcheront, tout le monde pense à ce point G au cœur des vibrations de nos consciences, tout le monde retient son souffle jusqu’au faîte du suspense, et jusqu’au déversement de l’encre.

 

Tout le monde à ce moment comprend ce qui le rend si différent, si génial en quelque sorte, si imprévisible: Pardi ! C’est un gaucher.

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