santûr
Il se trouva un santûr, et c’était déjà surprenant. Mais qu’il se trouva quelqu’un pour en jouer, et quelqu’un pour l’accompagner en chanson, tint du miracle.
C’est au fond d’une boutique d’antiquaire que l’extraordinaire conjonction eut lieu. Sur une table basse était installée Sa Majesté le santûr. Vieille cithare persane aux cent cordes, lointain ancêtre du piano.
L’antiquaire frappait sur les cordes avec deux baguettes.
Je pensai à celles utilisées par les juifs pour tourner les pages de la Torah.
Il y avait bien, dans le jeu de l’antiquaire, quelque chose de rituel, et du santûr iranien s’élevait en bouffées d’encens la musique.
En face de l’antiquaire, la jeune chanteuse. Elle improvisait en hébreu sur des mélodies persanes, alambiquant sur des quarts de ton les paroles. Ou étaient-ce les tons qui se mettaient en quatre pour mieux épouser les modulations de la voix ?
Le spectacle improvisé aurait pu ne durer qu’un bon quart d’heure, celui qui précéda le coucher du soleil au large de Tel Aviv, et mon retour vers Ramallah.
Mais la chanteuse et l’antiquaire continuèrent à jouer et chanter jusqu’au petit matin, autour du vieux santûr, Torah persane.