Fieffé keffieh
Il paraît que le keffieh “made in Palestine” est en train de disparaître. Tout fout le camp. Coupable : l’industrie textile chinoise. C’est elle qui se cacherait derrière la crise économique des tisserands palestiniens. Israël n’est pas à blâmer pour tout.
D’aucuns remarqueront que la kalachnikov non plus n’était pas un produit local. Et pourtant elle était aussi un symbole de la résistance palestinienne.
Mais à l’inverse du keffieh, et hormis une certaine militarisation de la mode féminine (vous aimez ça vous, les filles en combinaison de camoufllage?), on n’a pas encore vu Victoria Beckham défiler nue la kalachnikov en bandoulière.
Ghassan Kanafani, encore lui, avait flairé le coup dans les années 1970 déjà : la cause palestinienne deviendra une matière commerciale. Dans son texte « Retour à Haifa », il décrit comment, alors déjà, les camps de réfugiés au Liban étaient en passe de se transformer en parcs d’attraction pour touristes.
Quand les Palestiniens parlent de leur situation d’enfermement derrière le Lamentable Mur, ils utilisent souvent deux comparaisons : la prison, et la réserve d’aborigènes que les gens du monde entier viennent photographier.
Je me demande si, derrière l’effondrement de la production locale de keffieh, il n’y a pas justement l’expression d’un dégoût de la société palestinienne vis-à-vis de ceux qui ont fait de leur fichu fichu un objet fashion et trendy.
Fieffé keffieh : même dans l’absence, toujours symbole de résistance !