rababecchia, rababecchia!
Le petit ange et moi étions assis dans la cuisine quand une voiture montée d’un haut-parleur passa dans la rue, crachant des mots pour moi inintelligibles. Je savais que le Für Elise annonçait les barbes à papa, mais là j'ignorais de quoi il s'agissait.
Elle s’arrêta de manger son biscuit pour écouter. Tu sais ce qu’il dit ?, me demanda-t-elle.
- Aucune idée, répondis-je.
- Frigos, téléviseurs, aspirateurs, meubles, nous reprenons tout ! En Egypte, ils crient rababecchia, rababecchia !, mais je n’ai jamais compris ce qu’ils voulaient dire.
Je réfléchis un moment avant de penser: aaah, je vois: roba vecchia, roba vecchia, c’est de l’italien, ça veut dire : choses usagées.
Le petit ange me dit que, dans le village de Halhoul, près de Hébron, d’où elle vient, se trouvent le plus grand marché aux puces et les plus futés receleurs de rababecchia de Palestine.
Faudra que j’aille y faire un tour. Pour leur refiler mon vieux frigo qui ce matin, je le crains, a poussé un grand soupir d'ultime fatigue, avant de s’éteindre dans un dernier tremblement de vieillesse.