Fini le foot

Publié le par battuta

L’Euro s’est achevé hier soir, marquant la fin d’une ère. Retour sur les faits marquants vus de Ramallah.

 

Première rencontre, Suisse-République Tchèque. La représentation helvétique nous invite à suivre le match au restaurant Vatché à Ramallah. Distribution de casquettes rouges à croix-blanche. On découvre l’hymne national suisse chanté par une belle voix de femme. L’écran est trop petit, on se serre au bord de la piscine, se range devant la seule table tchèque, frise l’incident diplomatique car une jeune diplomate enrage de ne plus rien voir. A la fin, c’est elle qui jubile. La Suisse a déjà un pied en enfer.

 

Deuxième événement, la soirée au Sangria. La France est nulle contre la Roumanie, l’Italie se fait pulvériser contre la Hollande. Mesquinerie, mauvaise foi, vannes : tout vole au-dessus de la table, mais la grande gagnante est la sangria elle-même : le groupe d’amis, qui pro-français, qui pro-italiens, se réveillera le lendemain en étreinte passionnelle avec la cuvette des toilettes, un mal au casque du diable, et pleins de haine. D’aucunes vont à Gaza, d’autres à Tulkarem : que la route est longue et sinueuse…

 

Suisse-Turquie au Zan et une surprise : les Palestiniens supportent la Turquie. Mais pourquoi donc, alors que les Turcs ont occupé la Palestine pendant des siècles et aujourd’hui appuient Israël ? Réponse : personne n’a aimé l’attitude de l’Union Européenne vis-à-vis de la Turquie. Une raison qui va chercher dans les profondeurs de l’identité, au-delà des gué-guerres contemporaines. Bref : but turc à la dernière minute, explosion de joie, la Suisse - qui justement ne fait pas partie de l'Union, combien de fois faudra-t-il le répéter? - se noie sous son propre déluge, le regard chagrin de Köbi Kuhn donne presque la larme à l’œil. Commentaire arabe sur Al-Jazeera : Les Turcs mon frère, les Turcs mon frère ! ça sonne un peu comme le « Mamma li Turchi » des Vénitiens. N'empêche que foot et narguilé passent bien ensemble.

 

Gigi Buffon, « grande Buffon », arrête le penalty de Mutu. Ya salaaam ya maestro. Notre ami Bascal apprend la règle du hors-jeu et sera bientôt capable de l'expliquer à tout le monde à l'aide de bouchons d'Arak et de paquets de clopes. La France se fait humilier par les Pays-Bas. C’est l’anniversaire du consul français, heureusement il n’aime pas le foot.

 

France-Italie au Snobar, devenu entre temps la destination numéro un, va-t-on en venir aux mains ? L’amitié prend le dessus, et la sportivité relative : c’est plus une défaite française qu’une victoire italienne, comme d’hab, pensent d’aucunes. Domenech demande la main d’Estelle : il a maigri, c’est évident, constatent d’autres.

 

La Suisse éliminée après tout de même une belle victoire face au Portugal, troisième but de son avant-centre (turc). Ce qui reste, c’est la grande réalisation de cet Euro : de belles images ! Ces Suisses, quelle technologie, quel amour du bel ouvrage quand même !

 

Démenti lors d’Allemagne-Turquie : les images ne nous parviennent pas, problèmes techniques (il paraît que c’est la faute aux Autrichiens plutôt). Nous ratons presque tous les buts, et c’est en appelant des connaissances Unter den Linden à Berlin que nous apprenons le score final.

 

Finale hier soir, les Palestiniens font la fiesta pour célébrer l’Espagne, mais on a l’impression qu’ils l’auraient faite même si les Allemands avaient finalement gagné, tous les prétextes sont bons. Y en a un qui il y a quelques semaines s'en contre-foutait de l'Espagne, maintenant on dirait qu'il a toujours été un afficionado. Ah l'amour!

 

Le football et sa dose de rêve prend congé. Certains seront encore là dans deux ans pour la Coupe du Monde, d’autres se souviendront, dans leurs nouveaux foyers et berçant leurs bambins ou choisissant leurs prénoms (Timéo, Matteo, Kevin ou Jacques ?), de ces belles et longues soirées d’été. Et supporteront, in cha’allah, l’équipe nationale palestinienne.

Publié dans Moyen-Orient

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