Printemps

Publié le par battuta

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Le printemps est arrivé et il ne fait pas de doute que c’est la saison qui sied le mieux à la Palestine et à son âme.

 

L’été est par trop ennuyeux, voire artificiel, avec ses longues semaines de statu quo et de stabilité. Bien qu’habitués, les gens n’aiment ni le soleil ni la chaleur. En arabe, on ne dit pas « A la lumière… », mais « A l’ombre de ces événements… ». Parce que depuis le temps du Prophète, les conseils sont tenus, et les décisions majeures sont toujours prises à l’abri de la trop forte chaleur – et peut-être aussi de la trop grande clarté - du soleil.

 

L’automne est vêtu de kaki. Les remous de l’âme, les sanglots longs, les vastes plaines où tourbillonnent les feuilles mortes, les rangs de vignes bien alignés et au garde-à-vous pour la vendange, tout ceci est étranger à la vie locale. En Cisjordanie souvent, l’automne occupe les plus belles collines et s'y installe tristement et durablement, alors qu’en contrebas les autres saisons se succèdent, bon an mal an.

 

L’hiver, redouté, attaque toujours par surprise. Même si les bulletins météorologiques sont formels, l’ennemi a plus d’un tour dans son sac et la neige peut tomber à tout moment. Le redoux fait aussi partie du plan secret. Les retranchements ne sont pourtant pas prévus pour résister au froid. Une ou deux  incursions par année, cela ne justifie pas qu’on construise des maisons plus étanches. Au contraire, mieux vaut toujours être prêt à déguerpir, si vraiment l’hiver s’avère trop rude. 

 

Le printemps est la vraie, la seule saison. La racine [rabi', الربيعen arabe signifie à la fois le quart, LE quartier de l'année par excellence, le carré (de terre), mais aussi l'idée de séjourner provisoirement dans un endroit, d'établir un campement, et même de mettre ses jambes en tailleur. Curieusement, cette racine contient les mêmes trois lettres fondamentales contenues dans le mot [arabe] et [hébreu]. En d'autres termes, "arabe", "hébreu" et "printemps" forment dans la pensée sémitique un même anagramme, pour ne pas dire une même énigme.


Fragile et instable, toujours à se remettre en question, le printemps en appelle à la jouissance immédiate avant la transhumance. Au milieu des oliviers, les amandiers sont en fleur. Le moment d’aimer et de rêver aussi : à d’autres Printemps, d’autres Révolutions, toutes plus heureuses, toutes ailleurs.

Publié dans Moyen-Orient

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Z
Ciao da Rubina, Giada, Jeremie, Daniela& Sandii<br /> cari saluti da zurigo.Visite impromptue de Lausanne via Zürich destination Lavorgo.Abbiamo mangiato pasta e pizza nel restaurante di un faidese-zurichese. Pensiamo a te, al tuo blog e la Sandra anche lei vuole fare un blog. Ti mandara l'indirizzo. Un bacio grande
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B
Ciao tutti! Grazie per i saluti da Zurigo! E venuta giù la neve? Allora niente sushi stavolta? Baci